dimanche 30 mars 2014

[Le Panthéon des CR] PAX ROMANA : Les Six Tours de Carthage


Il y a des moments de lecture dans notre hobby que l'on se doit de mettre sous le feu des projecteurs. Sans conteste ce compte rendu de partie de Pax Romana de GMT Games en fait partie. C'est donc avec un immense plaisir que je laisse le clavier à Jérôme aka lefmart pour publier ici son CR, que vous pouvez déjà lire dans les pages du forum Strategikon. D'autres viendront peut-être enrichir ce "Panthéon des CR". Espérant que, comme pour certains, ce CR donne envie de pratiquer ce jeu qui le mérite.
Arnaud


Chers lecteurs, nous avons le plaisir et l'avantage de vous proposer ce soir, en avant première et en Technicolor, le récit de la partie de Pax Romana jouée lors du 22ème Bruniquel.
Dotée d'un casting de qualité, la partie a bénéficié d'une couverture internationale puisqu'elle a été adaptée à Hollywood sous le titre de :
Staring


 
 BobMorane Est



 



Grimbou Grec

 




 Eludus (aka the Invisible Man) Rome



  and

Lefmart Carthage





Le thème du sujet, comme le titre l'indique, est la montée en puissance de la République Romaine, au long des 250 années de son existence.
Le jeu débute en 280 avant JC. Des Diadoques, il ne reste plus que Ptolémée en Egypte. Un autre Ptolémée règne en Macédoine. A Rome, les consuls se succèdent les uns après les autres pour diriger la République. Enfin Carthage est dirigée par le conseil des Anciens.

Une vue de la carte avec la situation de départ:


Le jeu utilise un système de tirage de jetons pour déterminer l'ordre d'activation des forces. Les actions possibles se résument globalement à trois choix:
- urbaniser ses provinces pour gagner de l'argent plus tard
- dépenser son argent pour lever des troupes
- envahir le voisin pour l'empêcher de gagner de l'argent plus tard.

Sur ce schéma en apparence simple viennent se greffer moult évènements pénibles qui viennent gripper même les mécaniques bien huilées. Car la vie n'était pas simple à l'époque. Nous allons vous en narrer le déroulement

Tour 1

Au premier tour de jeu, le joueur Grec dispose de l'armée du roi mercenaire Pyrrhus. L'Epirote est un des meilleurs généraux du jeu et son armée est nombreuse. N'étant pas obligé de respecter le cheminement historique, le Grec hésite. C'est l'occasion pour les trois autre joueurs de le noyer sous de sages conseils: "Attaque mon voisin, il ne t'aime pas, alors que moi, je suis ton ami pour la vie..." "Il ment, j'étais ton ami en premier".
Méprisant ces propos dignes d'un entre-deux tours d'une municipale, Grimbou se saisit de la pile noire (il y a un pro-Pyrrhus bias) d'une main ferme et la pose sur la colonie romaine de Capoue. Soupir de soulagement carthaginois et égyptien ...

Le Romain décide d'intercepter les Epirotes, tout en grommelant des propos péjoratifs sur la virilité grecque. Deux légions consulaires se rangent devant Capoue. Malheureusement, les deux consuls présents n'arrivent pas à coordonner leurs actions (comment, c'est moi qui commande aujourd'hui? M...., j'étais pas au courant, on va encore en prendre une!). Quand la poussière se disperse, les Romains ont perdu deux légions et la ville.


A son tour de jouer, l'Est fait entrer Séleucos en jeu. Arrivant des terres autrefois perses, il se déplace avec une armée nombreuse et les trésors des satrapes des Indes. Il installe des troupes en Cilicie et en Cappadoce.

Le joueur Carthaginois adresse une missive compatissante au sénat romain et explique qu'il va prendre en compte la pacification de l'île de Sicile, étant donné que les Romains sont occupés... La ville de Messine est débarrassée des mercenaires mamertins qui l'occupaient illégalement. Apparemment, il y aurait une divergence entre le droit romain et le droit carthaginois sur la propriété de la ville mais une offrande carthaginoise à Poutinos, dieu des annexions surprises, devrait régler le différent. Une ville est édifiée à Panormos.

Enfin, Rome décide de lever des troupes pour laver l'affront épirote. Trois légions sont levées, les troupes défilent sur le champ de Mars, le menton fièrement dressé vers Capoue.

L'Est décide de progresser toujours plus loin en Asie Mineure et entre en Lycie.

Le Grec fronce les sourcils à la vue de ce périple et décide de recruter en Asie.

A Rome, on décide finalement de ne pas reprendre Capoue. Le sénateur romain Omnibus Aérobus déclare: "ils sont forts et nombreux, attaquons plutôt les barbares du Nord, qui sont faibles et dispersés". Sous les quolibets des autres joueurs, Eludus dirige ses fiers guerriers en Norique et s'attaque aux Brigantes. Les villes de Parma et Bovanium sont fondées.

A Carthage, on recrute aussi. Une force de paix pour un monde meilleur (et carthaginois ) assure t'on au Conseil.

Rome poursuit son expansion au Nord et "civilise" la Pannonie et la Dacie à coups de glaives.


Après les Mamertins, les Espagnols sont les grands gagnants du jeu concours: "Gagnez la nationalité carthaginoise". L'intégralité de l'armée punique débarque sur les côtes est de l'Ibérie. Malacca et Olbia (en Corsica) sont fondées .

A Alexandrie, Ptolémée apprend que son bon peuple l'aime et le trouve beau (évènement +2 en Stabilité). Du coup, il décide d'envahir la Lybie, pif pouf, comme ça pour voir. Le Carthaginois lui fait remarquer que ce n'est pas très sympa, étant donné que toute l'armée punique est en Espagne mais ces arguments raisonnables ne semblent pas toucher le joueur Est.

Comme vous le dira tout joueur du front russe, une grosse pile de pions noirs avec des valeurs pas avouables, ça brule les doigts. Avec un rire hystérique, Grimbou craque et lance Pyrrhus sur Rome. Las, les dieux ont changé de camp et cette fois-ci, le mercenaire rentre à Capoue la queue basse et son armée réduite. Vexé, il s'enferme dans la ville et succombe à ses délices.

A Carthage, on apprend avec soulagement que l'on peut jouer avant l'Est. L'armée de Sicile qui était pressentie pour une action de pacification sur Syracuse est ramenée en hâte vers Carthage. L'on fait remarquer au perfide égyptien que la Sicile ne connaitra pas tous les bienfaits de la culture punique mais celui-ci n'en a cure. Quel rustre !

Fâché de son échec à Rome, le Grec décide de passer sa rage sur la petite ville de Milet, en Asie Mineure. Les dieux hellènes sont toujours aux abonnés absents et l'armée grecque se prend sa deuxième toise du tour. Autour de la table, les autres joueurs compatissent aux malheurs de Grimbou avec de larges sourires biens francs...

Au vu de la réaction carthaginoise, Ptolémée décide de ne pas pousser en Lybie et se fait surnommer "le bâtisseur" en construisant une ville en Cilicie. Il semblerait que, contrairement à notre époque moderne où les promoteurs font partie des honnêtes gens, des indélicats n'en aient profité pour lui soutirer 4 talents (240 kilos d'argent, juste ).

A la fin du tour, c'est l'heure des comptes. On fait la somme des territoires occupés et des villes construites. Le leader dans chaque catégorie marque un maximum de points, le second un peu moins, le troisième encore moins et le quatrième rien du tout. Il se trouve qu'à la fin de ce tour, le joueur punique l'emporte dans la première catégorie et se retrouve deuxième du décompte urbaniste. Il prend donc la tête du classement en assurant à ses partenaires de jeu qu'il s'agit d'un malentendu qui ne se reproduira surement pas. Le Grec est deuxième, suivi de l'Est et du Romain qui totalise 0 points.

Tour 2

Situation au début du tour:


25 années se sont écoulées. Et oui, tempus fugit. La première génération de chefs laisse la place à des hommes nouveaux. Alors que des grognements et des soupirs saluent le tirage aléatoire des leaders grecs, romains et égyptiens, on entend un gloussement extatique à la place du Carthaginois qui part précipitamment aux toilettes changer de pantalon. A son retour, il exhibe fièrement le meilleur général du jeu: Hannibal.

Pour ceux qui ne connaissent pas, Hannibal, c'est lui:

 ou lui ...

L'Egyptien jette un regard nerveux sur le pion qui arbore des valeurs pas avouables et bredouille des propos incohérents au sujet d'un truc qu'il aurait oublié à Alexandrie.

Mais pour l'heure, c'est au romain de jouer. Pyrrhus décédé, il est maintenant possible de ramener les habitants de Capoue dans le droit chemin. Mais si le chef est mort, ses soldats perpétuent son souvenir et repoussent les légions. Le Romain soulage ses nerfs sur la cité punique en y provoquant une conspiration qui fait baisser sa stabilité.

Le perfide Egyptien n'est pas en reste puisqu'il provoque une famine sur la douce cité de Salammbô. Le nouveau chef de l'Est, Séleucos II dit " le nain", bat le record du 100 mètres en quittant la Lybie avec armes et bagages. Il s'arrête en Lycie, une fois sûr que Vin D..., Hannibal est suffisamment loin.

Le Grec tire l'évènement "Pirates" et en fait profiter gentiment l'Est. Les pirates ciliciens sont une vrai plaie pour la navigation côtière dans la zone. 


Constatant que le Romain s'est gentiment refait la cerise en tapant des barbares, le Grec tente de faire de même. Son manuel de pacification est moins au point. Il échoue à deux reprises en Moesie.

C'est enfin au Carthaginois de jouer. Laissant un supplétif s'occuper des restes égyptiens en Lybie, Hannibal part vers l'Ibérie. Il exprime son talent à Toletum où les barbares sont volatilisés d'un coup. Il tente d'enchaîner en Tarraconnaise mais les Ibères sont rudes (pardon) et lui résistent. En Lybie, la ville de Leptis Magna est édifiée pour se prémunir d'un retour des vils Egyptiens.

A Rome, le sénateur Eludus ponctue tous ses discours par "Capoue Delenda Est". Dans les faits, ce n'est pas gagné. Deux attaques infructueuses énervent bien la plèbe. On apprend la destruction de Massilia par les barbares.

En Asie Mineure, le royaume du Pont fait son apparition. C'est une nouvelle épine dans les sandales grecques et égyptiennes. L'armée pontique tente de surprendre les Egyptiens mais se fait repousser.

Pendant ce temps, en Ibérie, Panzhannibal poursuit son périple. La Tarraconnaise est conquise, ainsi que les mines d'argent espagnoles.

En Asie mineure, la guerre froide entre le Grec et l'Est devient soudain chaude. Décidant unilatéralement que Sardes est égyptienne, l'Est décide d'en priver Grimbou. Les remparts de la cité sont solides, trois assauts sont infructueux.

A Pella, capitale de la Macédoine, on ignore soigneusement les demandes de renforts du gouverneur de Sardes et on décide de continuer à frapper sur les barbares, à la romaine. Cette fois, les hoplites grecs sont moins doux et la Moésie est conquise.

A Sardes, l'heure est grave. On s'apprête à se rendre quand, à la stupeur des défenseurs, on voit l'armée égyptienne lever le camp et se diriger à marches forcées vers le sud. Une révolte d'esclaves vient d'éclater à Alexandrie, et s'étend dans le delta du Nil. Maudissant les dieux, Séleucos II voit ruiner 10 ans d'efforts.

Du coup, à Pella, on décide de taper .... les barbares ! Les Dalmates sont "civilisés".

Rome concentre ses forces et parvient enfin à reprendre Capoue. On décide au Sénat que la totalité de la botte italienne doit être latine. Aussi, Tarente est assiégée et conquise. La présence grecque en Italie n'est plus qu'un souvenir.

En Egypte, la tempête ayant bloqué le retour offensif de l'armée de Séleucos, la reconquête est lente. Embusqués dans les marais du Fayoum, les esclaves mènent la vie dure aux soldats de l'armée régulière.

Enfin, on apprend qu'Hannibal vient de finir la conquête de l'Espagne en s'emparant de la Lusitanie.

De nouveau, on compte les points. Et bien figurez vous qu'un hasard extraordinaire désigne le punique comme premier dans les deux catégories. S'excusant bien bas, il prend un peu plus la tête du classement. D'autant plus qu'il avait tiré l'objectif secret "Conquête de l'Espagne" et qu'il l'a accompli. Les regards sont durs autour de la table et on voit briller les dagues sous les toges. Le Grec confirme sa deuxième place, alors que le Romain passe troisième, l'Est n'ayant rien réussi à accomplir de probant durant ce tour.


Tour 3


Bien, reprenons. Venez, asseyez vous près de moi... Voila, plus près, confiance, tout çà...

lundi 17 mars 2014

Histoire & Civilisations: à suivre



"Faire revivre le passé et aider à la compréhension du monde, voilà l'immense ambition de cette remarquable collection". Ambitieux? Ça c'est certain. Prétentieux? Et bien à la lecture de la première partie du volume 7 sur la Grèce classique, je dirai pas du tout. 

Le Monde édite donc cette encyclopédie de National Geographic dans la langue de Molière. Prévue en 30 volumes, les 8 premiers sont déjà parus. N'ayant pas pris le temps de trainer mes baskets en point presse depuis un bon moment, je n'ai découvert cette collection qu'avec ce n°7. Déjà ce qui interpelle (forcément) c'est de voir parmi les revues et magazines un beau volume, relié et bien épais (150 pages) pour la très modique somme de 9,99€! 

Évidemment en voyant ça je me dis que le contenu va être bien léger: on ne va tout de même pas cumuler bel objet, prix modique et contenu de qualité! Concernant l'objet c'est du bel ouvrage, papier glacé épais, photos dignes de la réputation de National Geographic, mise en page sobre et claire. Concernant le contenu je ne peux juger que sur cette première partie terminée et présentant la montée du sentiment démocratique en Grèce (et bien sûr tout particulièrement à Athènes) et ses institutions. Et bien on peut dire que le texte est à la hauteur de l'écrin! L'analyse est pertinente, le texte agréable à lire, bref on apprend sans s'ennuyer. Bien qu'à visée plutôt généraliste, la profondeur du texte devrait intéresser un très large public. 

Je viens de me procurer le n°8 sur le déclin d'Athènes que je viens juste de compulser rapidement et je pense vraiment que la qualité reste au rendez-vous. Avec un prochain numéro qui va obligatoirement finir sur mes étagères (l'empire d'Alexandre... on ne se refait pas!), je pense continuer la collection un moment. Je conseille donc vivement, et vu le prix, le risque est faible.

Arnaud